Solitude, comme d'habitude [libre]

C'était une fin d'après-midi banale. Le vent soufflait doucement sur Yasuac. Son souffle chantait contre la pierre des maisons écroulées, comme si c'était un requiem pour tous les morts, tous ces gens massacrés par les Urgals. C'était un paysage bien désolant, triste et calme, comme si la fin du monde avait pris ce petit village avant le reste. Le soleil déclinait derrière les nombreux nuages gris. Aucun bruit, aucun son, sauf le vent qui sifflait en permanance comme des plaintes ou des jérémiades. Près du village se trouvait un lac calme. Sa surface plate ressemblait, sous la lumière du soleil filtrée par les nuages, à de l'argent en fusion ou à du cristal liquide. Cette touche de sérénité apportait encore plus du chagrin au paysage.
Soudainement, une ombre accompagnée d'une plus grande se déccrocha parmis les ruines et les nombreux gravas ds vieilles bâtisses détruites. Cette ombre s'approcha légèrement et silencieuse près du lac. Son pas était tel qu'on avait l'impression qu'elle glissait ou flottait au dessus du sol. Le cheval qui l'accompagnait était noir de jai et semblait n'être qu'un esprit déchu errant parmis les ruines. L'inconnue dissimulée par une cape à capuchon attacha son cheval à un arbre mort. Le canasson hénit un instant en secouant la tête comme s'il n'était pas d'accord pour se séparer de son maître. L'inconnue glissa une main le long de son encolure pour le calmer en disant des mots bas:

"Chuuuut...Calme Kaüsa. Tu devrais avoir l'habitude à force. Mais peut être est-ce l'absence de Tyr' qui t'inquiète ?"

La voix de l'inconnue était si basse qu'on ne pouvait savoir s 'il s'agissait d'une homme ou d'une femme. Le cheval sembla approuvé les paroles de son maître en donnant un coup de sabot dans le sol poussiéreux et sec. Il approcha la tête près de l'épaule de son maître pour le pousser gentiment:

"Ne t'en fais pas. Il est juste parti chasser un lapin. Il va nous retrouver."

Au moment même où l'inconnue finit de parler, qu'un grand chien -plus grand qu'un loup- près d'un mètre de haut sortit d'un buisson au loin et accourut près d'eux. Il s'arrêta à côté du cheval et s'allongea par terre pour déguster le pauvre lapin qu'il venait d'attraper. Etrangement, le canasson sembla se calmer un peu en la présence de son autre compagnon. L'inconnue s'accroupit près de son chien et passa une main derrière son oreille et murmura:

"Régale-toi bien Tyr'. Mais reste avec Kaüsa. J'ai besoin d'être seule."

Le chien poussa un petit glapissement avant d'arracher à nouveau un morceau de chair de sa proie et le cheval se mit à broutter le peu d'herbe qui restait.
Leur maître s'éloigna d'eux de plusieurs mètres et s'asseya près du lac, appuyée contre un arbre. La personne semblait fixer l'eau du lac avec intérêt. Elle bougeait si peu qu'elle ressemblait à une statue de cire. Une rafale de vent se souleva et fit tomber son capuchon. C'est alors que se découvrit une femme relativement jeune; la vingtaine, pas plus. Les traits fins de son visage et sa peau blanche la rendaient froide presque inquiétante. des cheveux châtains aux reflets sanglant lui tombaient sur les épaules. Un éclat brilla dans ses yeux et trahit son intelligence et le fait qu'elle était plongée dans ses pensées -comme d'habitude. On aurait dit qu'elle fixait le lac sans le voir.
Elle se mit alors à chanter quelque chose de triste dans un vieux langage qu'utilisait les gens avant l'évolution des langues. Son chant était triste et ressemblait à une plainte essouflée comme si la jeune fille rendait hommage aux morts. Elle sortit un de ses coutelats et le fit tourner entre ses doigts gantés.

La jeune femme avait l'air relativement calme, comme si elle ne s'attendait à la possibilité d'être dérangée...

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